Le site archéologique, de son nom romain Thaenae, connu aujourd’hui sous l’appellation Thyna, à près d’une dizaine de kilomètres de Sfax, fait l’objet d’un projet de partenariat international de formation-recherche et de valorisation intitulé «Haya bina Thyna», co-porté par l’Institut national du patrimoine (INP), l’Université de Sfax et Aix-Marseille Université/Cnrs, soutenu par l’ambassade de France et en partenariat avec l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (Irmc).
Le projet d’une durée de 24 mois (2023-2025) vise à faire du site archéologique de Thaenae un site pilote et régional dans le domaine de la formation à la recherche, de la sauvegarde et de la valorisation du patrimoine archéologique du Sud tunisien.
A travers une triple approche de formation, de recherche et de valorisation, ce projet vise, selon les données présentées par le Programme inter-laboratoires ATHAr Maghreb (Axe Transversal Histoire et Archéologie du Maghreb ancien, labellisé MMSH —Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme—), à assurer la sauvegarde du site et de son environnement exceptionnel grâce au développement d’un centre régional équipé et spécialisé dans la formation sur le terrain et en laboratoire, la mise en place d’outils de gestion adapté au dialogue avec les pouvoirs publics et son intégration dans une dynamique de développement touristique régional durable, de développer un réseau de partenariat intersectoriel national et international qui permettra de garantir la pérennité des actions menées et le développement de nouveaux projets innovants en archéologie.
Pour que l’archéologie devienne un moteur de développement touristique local et de l’économie régionale
Le projet repose sur la consolidation de la formation pluridisciplinaire des jeunes Tunisiens, le développement du réseau de partenariat dans le domaine de l’archéologie de terrain, la mise en valeur des sites et de la médiation culturelle en s’appuyant sur le chantier-école archéologique tuniso-français de Thaenae, mis en œuvre depuis 2017. Il s’agit également de produire des connaissances scientifiques pluridisciplinaires sur l’histoire et l’archéologie des sites archéologiques nécessaires à leur valorisation et à leur protection pour anticiper et maîtriser les phénomènes de dégradation des sites, due à la pression urbanistique et de mettre en valeur le site de Thaenae pour participer à la sauvegarde du site, et pour que l’archéologie devienne un moteur du développement touristique local et de l’économie régionale. Depuis 2017, le chantier-école archéologique tuniso-français de Thaenae (Thyna) a été conçu pour ouvrir le plus largement possible l’éventail des formations offertes aux stagiaires des deux rives et d’enrichir le bouquet de compétences des acteurs de l’archéologie tout en valorisant par diverses opérations de recherche et de médiation culturelle le site de Thaenae, considéré comme un vecteur du développement régional dès lors que le projet Thaenae de formation-recherche-valorisation entend démontrer que le patrimoine peut contribuer au développement durable de toute une région. Au-delà de la formation sur le terrain au métier d’archéologue, l’objectif est d’inciter les jeunes chercheurs de ces deux pays à travailler ensemble à l’étude et à la mise en valeur du riche patrimoine tunisien. Dans cet esprit, un atelier sur le thème «Médiation en archéologie» sera organisé du 22 au 26 avril 2024 à Sfax. Il a pour finalité de réfléchir et de développer des activités de découverte de Thaenae de manière conjointe entre les participants de l’atelier et les partenaires locaux et régionaux. La première journée sera consacrée à une approche théorique de la médiation culturelle et en particulier en archéologie ainsi qu’une visite du site de Thaenae. Puis, des porteurs de projets en médiation culturelle interviendront pour partager leurs expériences, de l’idée à la mise en application avec ce que cela implique en termes de structuration, recherche de financement, difficultés rencontrées et résultats. Des entretiens avec différents acteurs locaux (scolaires, entrepreneurs, acteurs publics…) suivront afin d’échanger sur leurs attentes et leurs possibles participations. Enfin les stagiaires travailleront à la construction d’une ou deux activités de médiation en archéologie qui seront mis en place sur le site de Thaenae durant les mois qui suivront et auxquelles ils pourront participer. Face aux Iles Kerkennah, la situation stratégique de Thaenae, ouverte à la fois sur la Méditerranée et les régions de l’intérieur, explique son statut de colonie romaine au IIe siècle apr. J.-C. et ses nombreux monuments —thermes, maisons, amphithéâtre— (d’après une vidéo explicative réalisée dans le cadre des travaux du chantier-école archéologique tuniso-français). Les fouilles et les prospections géophysiques permettent aux archéologues de travailler sur l’évolution d’un quartier de Thaenae aux abords de la porte de Gabès. Les recherches se concentrent sur trois types de vestiges : des tombes associées à un mausolée du IIe siècle bien conservé, des ateliers d’amphores (témoins de l’activité économique de la cité) et l’imposant rempart qui élargit le périmètre de la ville au début du IVe siècle. Le dernier volet du projet est de permettre la valorisation du site et de son environnement, pour sa promotion culturelle et sa conservation future.
Sarra Belguith | TAP